15 sept. 2008

Déménagement et conséquences







Wé donc, je ferme la crèmerie Blogger et dégage vers Wordpress. L'avenir nous dira si je fais une erreur ou pas.

En attendant, c'est ici que ça se passe : http://chimeresdefamille.wordpress.com

Nouveau billet du coup ici :

http://chimeresdefamille.wordpress.com/2008/09/15/chimeres-de-famille-obsede-textuel/

Merci aux gens qui m'avaient mis en liens dans leurs favoris de blogs, merci aux gens qui lisent en scred, merci aux gens qui lisent au grand jour, ça fait parfois du bien de voir que y'a quelqu'un au bout du BIC, même si l'aventure de l'écrit est avant tout maladivement égoïste.

9 sept. 2008

Memento Scribere



Memento Scribere.
N’oublie pas que tu vas écrire.
Encore faudrait-il que vous l’ayez déjà fait.
Les Bloggers veulent le succès mais ne veulent pas copier…



Wé, wé, vous la connaissiez avec un rabbin, avec les flics, etc… La formule est appropriée ici aussi. Levé du mauvais pied depuis un bon moment, je mâchouille mon billet depuis quelques mois déjà. Mon taux de haine explosant la norme depuis quelques semaines, c’était le moment où jamais de moi aussi faire mon monologue paranoïaque devant mon miroir à la Edward Norton dans La 25ème Heure de Spikee Lee.
Donc, pour résumer : 80% des gens qui vont lire la suite ne vont rien comprendre. Le reste va frémir tranquillement comme les casseroles dans la cuisine d’un dealer de C. Donc, je m’adresse à cette minorité d’empaffés qui :
- M’envoit des mails anonymes de menace (hahaha, j’ai internet depuis 2002, j’aurais du mettre tous vos trucs de côtés, mails, PM’s, posts et faire éditer ça à compte d’auteur, je suis certains que j’aurais pu gagner de la thune avec ce pot pourri)
- Me pompe comme si mon Bic crachait du pétrole
- N’aime pas que je remette en cause la "politique" (haha, l’hyperbole d’enculé, ça va tellement bien avec vous que j’ai choisi ce mot exprès, tiens) de leur blog de merde.

Ok donc. A tous les partisans des succursales de la FNAC et d'ITUNES qui ouvrent des blogs au kilomètres pour simplement foutre des albums en dL à la queue-leu-leu sans être foutu d’en parler (attitude facilement compréhensible d’ailleurs quand on regarde de + près l’âge de ces gens-là et le vide abyssale de leur culture en la matière, ou même générale), à tous les connards qui sont passés d’une bite à l’autre comme Vanessa Del Rio ou Laure Sainclair en ayant été des pseudos kiffeurs de son mid-90’s US élévés à coup d’oiseau bleu et qui se font une net-crédibilité en niquant souvent le marché des skeuds sur Ebay avec une inflation injustifiée et qui se sont travestis en spécialistes du rap français des années 90’s avec la même facilité qu’un(e) shemale au Bois de Boulogne, à toutes ces petites starlettes aussi dignes que les pouliches de Marc Dorcel, vous finirez comme une pin-up dégarnie sur le calendrier des camtards de routiers du web : jaunie, vieillie avec une bonne dizaine d’ADN différents sur le visage, sans avoir marqué la moindre mémoire ou postérité si ce n’est celle de votre slip actuel.

A vous toutes, les petites Katsumi et Clara Morgane des blogs qui faites vos emplettes sur le net en ne déboursant pas un centime, que ça soit pour un mec signé en major que vous croyez plein aux as parce qu’il a touché une avance et que son clip passe sur NRJ 12 ou pour les artistes indés que vous « kiffez tellement, oh mon Dieu, qu’ils sont forts » mais que vous ne soutenez pas concrètement (pas besoin, le distributeur dudit artiste s’occupe de les enculer à votre place), vous les Silvia Saint qui croyez ne pas alimenter un réseau parallèle qui engraisse ruskovs, roumains, polonais ou autres portugais du même tonneau (de vodka) venant de l’Europe de l’Est, détrompez-vous : alors certes, les gens de bonne foi et qui rippent leurs propres trésors font bien des heureux, en première et saine intention, mais la magie du réseau fait que n’importe qui récupère n’importe quoi pour en faire un gros billet vert s’il fait bien fonctionner sa tête et fait tourner celle de vous autres, starlettes du X downloadeuses. Emplettes rime avec levrette.

"Levrette slave, préviens les autres"

Toi aussi continue de financer la villa de Seeney et la discographie originale qu’il est en train de se constituer (haha, comment il se fout de votre gueule en postant les tofs des skeuds qu’il se fait importer grâce à vous, bande de cons) en niquant les artistes que tu dis adorer en n’achetant tout simplement pas leurs projets. Alimentez les boards de Warez qui font autant de thunes avec les MP3 de rap français ou autres qu’avec des div-x pornos. Allez-y, pissez donc où vous dormez, vous chiez déjà à l'endroit où vous mangez.
Mais rappelez-vous, pseudo concurrence de merde : n’imitez pas, contentez vous de poster vos liens qui seront copiés / collés des milliers de fois et génèreront une thune que vous ne soupçonnez même pas. Celui qui se prend Alban Ceray, Roberto Malone ou Christopher Clark dans le boul’ n’est pas toujours celle qui est devant la caméra mais plutôt celui armé de son tic favori : le « click droit enregistrer sous ».

Allez vous faire enculer, continuez à m’envoyer des mails, je peux même me déplacer avec numéros de phone et adresses le cas échéant.

Allez vous faire enculer avec un harpon et du gravier, ma prochaine sortie n’en sera que meilleure. Les règles, c'est quand ? Putain, y'en a aucune, mais je me pose la même question avec mon Lunatisme. La Lune, c'est tous les combien ?

Les vampires de blogueurs veulent sucer mais ne veulent pas être Karen Lancaume.
Pour finir, à vous tous, empaffés si courageux avec vos commentaires et mails de mes couilles, je vous dédie le 1er couplet d’un morceau que la plupart d’entre vous, bande de merdes, ne connaît que grâce à « 8 Mile » (‘Oué, tsé, le dernier instru où Eminem gagne à la fin, tsé le truc là’).



Ceux qui vont écrire vous saluent, avec le majeur tendu.
Bien cordialement dans votre rectum, avec toute ma Haine
SOMNO

P.S : si ça, c’est pas une leçon d’articles sur-mesure pour placer un max de mots-clés stratégiques… Hahahaha

1 sept. 2008

Chimères de famille (Father & Child)






« J’ai grandi, j’suis mort en silence / crucifié sur une caravelle / sous l’œil éternel d’une étoile filante… » (Booba, Pitbull)



Après des dizaines et des dizaines d’écoute, je n’ai pas digéré cette phrase-là comme les fois précédentes. C’est un peu comme essayer de passer Stairway to Heaven ou Hotel California à l'envers en espérant y trouver un message satanique, histoire de capter un autre message.


A partir de cette phrase, j’ai démêlé un écheveau et suivi un fil qui m’a amené bien plus loin que le premier degré mérité. 400 ans d’esclavage qui ont façonné en très grande partie le visage géopolitique du globe, encore aujourd’hui, plus de 500 ans après la « découverte » de l’Amérique. Hémisphère Sud contre Hémisphère Nord, Europe contre le reste du monde, dès le XVIème siècle.


La chaîne alimentaire demande une victime et un bourreau, pas forcément un abattoir, de chaque côté du no man’s land de l’Histoire où seuls les vainqueurs ont droit au chapitre, de tenir le Bic et de noircir les livres d’écoles, sans buvard. Sans bavure, donc ?


Responsabilité, culpabilité, voilà le nerf pincé avec la phrase de départ. Ayant suivi un double cursus scolaire, j’ai suivi officiellement en parallèle les cours de collège en français et en portugais, ces derniers grâce au CNED. J’ai pu plus rapidement que la moyenne des élèves du même âge que moi à l’époque appréhender les tenants et aboutissants du Siècle d’Or de l’Histoire de mon pays, de mon peuple, quand le portrait en creux (ce qu’on ne dit pas revêt autant voire plus d’importance que ce qui est formulé) laisse apparaître une histoire aux escarres séculaires, gravées dans l’airain mais refoulée. Nier l’histoire de continents mutilés et dont les Européens se sont partagés les terres comme au Monopoly, refusant obstinément de passer par la case Prison de l’Histoire. Pas même une faute technique : les mecs de Footlocker ne sont au final que des vendeurs et pas des arbitres ou des juges loyaux, les Historiens et les Politiques ne chaussent que des pieds gauches.


Amérique Latine et Afrique. L’Asie aussi, bien sûr. Etrangement, je ne me suis jamais senti coupable des actes de mes chers ancêtres prestigieux qui ont écrit avec des lettres de sang l’histoire d’un morceau de la péninsule ibérique. Coupable de quoi ? Certains (beaucoup, même) expriment cette culpabilité en rêvant d’être Noirs dans une sorte de schizophrénie identitaire semblable à celle de certains Noirs se blanchissant la peau au sens propre du terme, ou des maghrébines qui s’improvisent blondes pour des raisons autres qu’esthétiques. D’autres expient en détestant les « colonisés d’antan », qui ont « refusé la main tendue, la civilisation en somme ». Ceux-là même qui chantent encore des louanges aux relents étrangement Salazaresques, nostalgiques de l’Ordre et de l’Empire.



Jamais eu ce problème. Arrière-arrière-arrière petit fils de conquistador ou arrière-arrière-arrière-arrière petit fils de Chaka Zulu, même combat ? Si je n’ai jamais éprouvé un quelconque remords, c’est que j’ai, systématiquement, pleinement conscience qu’à chaque fois que je lis ou entends un cap-verdien, un mozambicain, un angolais, un brésilien parler portugais, c’est le résultat diablement efficace d’un processus de violence où le fouet était un des premiers moteurs, la sueur et le sang suintant à chaque syllabe proférée dans le monde lusophone. L’Empire. L’Empire d’un pays grand comme un timbre poste à l’échelle du globe qui, ironie du sort, allait subir une saignée telle que le Portugal sera longtemps synonyme numéro 1 d’immigrant. Depuis les caravelles jusqu’aux bidonvilles franciliens du XXème siècle. Un Empire, une foi, une langue, un découpage des terres et une éradication systématique de quelconques racines culturelles ou historiques de continents pour finir par être soi-même acteur d’un perpétuel road-movie identitaire et sociologique.


L’arrière-arrière-arrière petit fils de conquistador qui grandit avec dans la tête, dès son plus jeune âge, l’histoire de son père, commando portugais engagé 30 mois en Guinée Bissau en pleine guerre coloniale. Parallèle de dingue : 1492 / 1970… Le hasard aura fait qu’en toute innocence, mon père aura choisi d’intégrer un corps d’élite, celui qui payait tout simplement le mieux dans la palette proposée lors de son service militaire… Pragmatique, le daron. Meilleur moyen surtout de ne plus entendre son estomac crier famine et d’appliquer à la lettre l’adage d’un Kery James au sommet de son art dans Cash remix (« Un jour j’ai dit « Et si Dieu veut, tu verras… », je l’enverrai au de-blé finir ses jours dans une villa, y’a quoi ? »). Mettre ma grand-mère à l’abri du besoin, donc, avant tout. Chaque mois, une partie du solde lui était destinée pour manger à sa faim et débuter la construction d’une maisonnette. Subvenir à ses besoins, au minimum vital. Mais il a fait un choix, et la faim ne légitime jamais rien, même si nécessité fait Loi. Là est l’ambigüité : quand la nécessité de l’un doit aller jusqu’à bafouer celle de l’autre pour subsister. La palette de moyens pour contourner le choix radical de gonfler le corps d’armée est certes large, mais sous la dictature, dans un pays qui fait figure de Tiers-monde de l’Europe, la palette est souvent binaire. Difficile de faire du gris avec deux tubes de gouache sans eau. Il faut bien cracher dans la soupe pour réussir le mélange chromatique, encore faut-il avoir la chance d’avoir les moyens pour une soupe.



Un peu comme l’homme préhistorique qui s’est résolu un jour à sortir de sa grotte et à aller un peu plus loin que d’habitude et à aller chaque jour plus loin pour vivre mieux, mon père acceptait un compromis dont il ne mesurait pas sur le moment ni la portée et politique et historique au sens personnel et psychologique du terme, ni le risque. Il ne le paiera pas de sa vie puisque je suis là pour l’écrire mais les symptômes insidieux du syndrome post-traumatique lui auront infligé une facture bien assez salée pour continuer à faire la plonge chez Ibliss le jour où il quittera notre monde.


Métaphore filée, histoires et destinées filées. Un fil tendu au dessus de l’Histoire, un fil long de six siècles. Le vertige parfois, une sensation étrange de mise en abyme mais aucun remords. Les fils de harkis, les fils de français envoyés en Algérie, les fils des combattants du FLN et les petits-fils de tirailleurs et goumiers doivent écarter tout sentiment de culpabilité, systématiquement latente quoi qu’on en dise, nourri de rancœurs dans bien des cas envers « l’autre ». La chaire à canon n’est pas à blâmer finalement. Le vertige disparait en assumant, sans faire particulièrement acte de contrition, mais en respectant les acteurs qui ne sont que des munitions politiques dont l’enjeu les dépasse bien souvent. Combat avec ou sans cause, le bout du tunnel n’est jamais gardé que par un chien à trois têtes. Le fameux « silence des agneaux » de Thomas Harris résonne de génération en génération. Objecteurs de conscience, exilés, mutins… Ventre vide n’a pas d’œil et la cause a beau être belle, encore une fois, nécessité fait Loi. Porte ouverte à toutes les barbaries possibles et déjà brillamment mises en pratique d’ailleurs avec un souci constant de l’efficacité et du progrès dans le domaine de la destruction. Mais quand les estomacs sont vides de part et d’autre, des deux côtés d’une frontière, d’un front ou d’un fusil d’assaut, il faut choisir son camp, et vite. De héros à victime, de résistant à traître, seule l’Histoire qui fait sa grande dictée à la Bernard Pivot décide de la ponctuation et donc, de l’attribution des rôles.



Finalement, l’attitude la plus saine afin d’échapper à une quelconque rancœur et/ou culpabilité reste de « savoir ». Avec un champ stérile de chaque côté des lobes occipitaux. Pour échapper à une culpabilité ridicule lorsqu’elle est antidatée ou postdatée. Connaître les fameux tenants et aboutissants des deux côtés du fusil d’assaut, cerner les enjeux, froidement. Cliniquement. Des deux côtés du stylo Bic, du côté de celui qui est en joue et de celui qui vise. Celui qui lit et celui qui crache l’encre. Les récits d’horreurs vus, subis, commis pendant ces 30 mois m’ont accompagnés toute ma vie. Pas un jour sans que mon père ne fasse allusion, positivement ou non, à son « séjour ». Une anecdote légère, un souvenir, une odeur, un cauchemar et des peurs. Des peurs dont les contours rappellent le « Strange Fruit » de Billie Holiday. Des spectres qui ressemblent à des fruits comestibles à l’aube ou au crépuscule mais sont bel et bien des cadavres sous le microscope impitoyable du Moi. Seul face à soi-même, face à la vaisselle et à la plonge éternelle dans la cuisine d’Ibliss. La facture est salée et il n’y a toujours pas d’eau pour mélanger les gouaches, ni pour étancher les soifs de paix intérieures.


Mon père a réussi à surpasser cette réelle culpabilité et ne l’a acceptée que récemment. Lui aussi peut aujourd’hui dire « J’ai grandi, j’suis mort en silence / crucifié sur une caravelle / sous l’œil éternel d’une étoile filante… ». Il a réussi à élever ses deux fils pour en faire deux Hommes, sans jamais céder à la facilité, sans chercher d’excuses. L’heure tourne, ma fille arrivera début janvier, il est temps de préparer le terrain ; à l’image de The Fountain de Darren Aronofsky, l’amour des miens, des vôtres, comme témoin à transmettre en équilibre sur ce long filin mesurant six siècles. Préparer mon terrain. Avec des champs stériles, sans coton, ni esclaves, ni fouet, ni maîtres… Au Diable le Blues.

9 mars 2008

JR Ewing - Mixtapes (Part. II)




JR Ewing - Self Defense n°6

Mixtape sponsorisée par la NRA, Charles Bronson et Dirty Harry, ça goume dans tous les sens, la face A est en mode Vigilante, la Face B résonne comme les dernières secondes d'Amadou Diallo : une entreprise de démolition qui obéit aux règles de l'art, éliminer tout ce qui bouge. Arsenal Records n'a jamais aussi bien porté son nom, pas de balles à blanc, Jacques a dit "Tu veux vraiment jouer au con ?", et tout le monde a perdu façon Trench Coat Mafia...

Je dois cette tape à mon poto Average Nigguh? avec qui je l'avais pariée. Histoire de, voici l'objet du pari : l'un de nous maintenait que le Al de "Al & Adil" était le même qui avait bossé avec Ant'One, Kent Zo et Stofkry... L'autre affirmait qu'ils n'avaient absolument rien à voir. J'ai gagné sa tape au final, bien m'en a pris de miser cette fois-ci. Holla @ toi, bro' colis.

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JR Ewing - Metro Veteran N°7


Enorme K7 autour des Metro Veterans à la sélection encore une fois parfaitement thématique. Les mines anti-personnelles s'enchainent, les mozambiquais meurent au pas de course, même le pingouin dans Le Fugitif pourrait se vanter d'avoir acquis son moignon en écoutant "Streets R Calling" de C.O.D Crew. Un sommet de la cassette mixée avec jingles, intros, outros, pochette, sélection jamais pris en défaut. Encore, oui. On essaie de compter les jambes sur le bord de la route mais c'est un peu comme essayer d'établir le palmarès de Victor Bout en la matière. Crime end-to-end par aérosol... Le serpent de mer reste quand même le projet de DVD mixtape façon clip non-censuré du Hardcore d'Ideal J (que l'on doit au 'Sieur Ewing) prévu depuis quoi... 4 piges.

On y croit, tant que les jambes nous portent, on y croit...

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JR Ewing & Armeni Blanco - The Punisher Mixtape N°8



Aïe, aïe, aïe... Tout simplement la pièce la plus chère de ma collec de tapes qui s'élèvent à quelques 500 bandes chromées originales. C'est dire. La plus chère parce que :

1/ c'est la dernière qu'il me manquait de toute cette satanée série.

2/ elle a été éditée à 600 exemplaires.

3/ je suis relativement dingue, et je le referais s'il le fallait, même si elle m'a coûté un bras (tant que c'est pas une jambe, cf. + haut...) et que je l'ai eue en mp3 avant de la toucher en OG.

Spéciale Big Pun donc avec de l'inédit et du classique, un hommage du colombien Rocca au gros porto-ricain. Le fils ès flow de Kool G Rap s'en donnait à coeur joie, trop peut-être avec 2 grammes de sang par litre de cholestérol... Le Danacol n'a pas atteint le Bronx, mais cette K7 est maintenant dans mon tiroir, vous pouvez envoyez vos dons à Noreaga et Fat Joe, une sorte de geste préventif quoi.

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JR Ewing - Cop Land N°9

Sib "The Hun" Austin au graphisme. Nos amis volatiles ou porcins sont ici à la fête... Plutôt violente, la fête hein, façon bal de fin d'année de Carrie... La meilleure prod de toute l'existence de Kanye West claque l'entame de la Face A puisque "The Truth" de Beanie Siegel refroidit une première rangée d'hommes en bleu. Le "Get Hype" de Mali démarre comme ce bon vieux "Hips don't lie" de Shakira / Wyclef puis entame une embardée façon fonctionnaires de la BAC à Sarcelles. La boîte à rythmes des Neptunes éructe un "Mafia" taillé sur mesure pour Kelis avant que Choclair ne signe un inédit énorme avec un hymne sur commande. Ça rôtit comme au KFC, les mangeurs de poulets scratcheurs sont aux anges, mais c'est sans compter sur Ill Bill qui parodie le "How to roll a blunt" de Redman avec son "How to kill a Cop" avant de revenir mettre un coup de plaf' avec "Gangsta Rap". Extrait ?

"Hey yo, I smoke dust and shoot cops, sold guns to Tupac /
Smoked blunts with Biggie Smalls and sold drugs on newlots /
I was too young, couldnt get up in clubs back in the old days /
We used rob and terrorize kids in front of homebase /
If Funkmaster Flex was inside, rockin the whole place /
We was outside, smacking kids and snatchin gold chains ...
"

Les voleurs en série de Polo Ralp Lo' décochent la bande originale de Tanguy avec "I Still Live with my Moms" avant que l'armada Tru Life / Prodigy (si ils savaient) / Kool G Rap / Jewell ne détruisent les derniers Roscoe P Coltrane des alentours.

RIP Julie Lescaut, Derrick, Hutch, Rick Hunter, Navarro, Starsky, Tatort, Columbo (qui a enfin touché sa paye depuis le décès de Big L, cf. "The Enemy", c'est sa femme qui a arrêté de faire la gueule)...

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JR Ewing - Gang Bang Tonight N°10



Stupre et décadence, Tabatha Cash et ses Rêves de Cuir (Wath et CaTin à la réal') en studio et prête à concurrencer le trafic du Pont de Millau et du périph' parisien réunis... Slackness à tous les étages, le vice s'évertue à rester au cœur des débats, amoureux ou pas... L'exemplaire aurait mérité d'être glissé sous blister au chaud avec un Hot Vidéo. Gangs, descentes d'organes, fluides corporelles et fornication, que demande le peuple ?


1 mars 2008

JR Ewing - Mixtapes (Part. I)






JR Ewing - Pour tes Oreilles N°1 (NY City Undaground & Independants Best Of 1997)


Pas la plus rare au final (j'en ai eu jusqu'à trois exemplaires, histoire de), mais indéniablement parmi les trois meilleures de toute la série grâce à un tracklist vraiment parfait. Hellboy en cover, c'est déjà l'indice d'un goût certain du graphisme et du soin apporté aux pochettes, alors que rappelons-nous, seuls certains DJ prêtaient vraiment attention à ce "détail" pourtant décisif quand l'heure d'accrocher l'œil était venue devant un étalage encombré de K7 chez ton marchand de disque. Même punition pour la duplication (en guise d'exemple, ceux qui ont bouffé de la Passe-Passe savent...), même si cette tape est la première (et pour le moment la seule) à avoir été - parfaitement - rééditée en un double CD). Le missile For Ya Ears est lancé et avec, une génération de copycat-crate diggers prête à cramer des CB sur Ebay et à renflouer généreusement le PIB du Japon... Tout ça à retardement. On en reparle d'ici quelques volumes.

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JR Ewing - Les Intouchables N°2

Le Clan des Siciliens de Verneuil succède au démon de Mignola, Sib Austin frappe un premier grand coup avec son graphisme, Raphaël ouvre et conclue la tape à thème, marque de fabrique du patron de South Fork qui "fuck Cliff Barnes". Le "One Love" de Cormega, "Why ?" de NY Confidential, j'en passe, impair et manque, et des meilleures, etc... Tout se déroule suivant le Plan A puis le Plan B, bande originale rêvée d'une nouvelle de Chester Himes, la vie rêvée des thugs, indépendants et étoiles filantes sur cire...

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JR Ewing - Best Of Underground Hits 98 N°3

Bombes sur bombes... On commence à QB avec Cormega et son terrible "Testament" Def Jamien, puis la boucle est bouclée avec "Small World" de Nas. Le "Skies Above" de Kool G Rap est peut-être le meilleur morceau de sa vie, un Half-A-Mil prémonitoire décrit déjà son futur chez lui dans "Fire in Hell", Eminem claque l'énorme "I Don't Give a Fuck" et le "Unseen Hand" de Kinzmen appaise autant qu'il rend mélancolique... Le temps de l'écoute aura suffit au mec encapuché dans notre wagon pour qu'il salope banquettes et murs à coup de marqueurs et de bombes sans que l'on s'en aperçoive, comme sur la cover...

Bombes sur bombes, je vous disais...

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JR Ewing - Ghetto News N°4

Big L à l'honneur à l'entame de chaque face. Pain In Da Ass, imitateur officiel du Al Pacino en habits de Carlito Brigante ayant officié sur les intros d'album de Jay-Z, délivre un message d'amour en pleine affaire Lewinsky / Clinton avec son violentissime "OK I'm Reloaded". The Clipse, déjà eux, font parler la poudre avec "The Funeral", le "Fortruss" des Walkmen martyrise la Marche de l'Empereur Vador, alors que l'un des deux morceaux de bravoure de l'ensemble reste "Quiet Money" d'Half-A-Mil, qui n'en a plus pour très longtemps à vivre mais brûle le micro par les deux bouts comme il se doit avec AZ et Animal. Le second est l'ultra-classique "Devil Son" du gros Lamont qui se prend pour Macaulay Culkin avec la phrase mythique de Nas en accroche "When I was 12, I went to Hell for snuffing Jesus" ("Live at the BBQ" de Main Source). La musique adoucit les morts...

Pour l'anecdote, je dois cette tape à mon collègue de blog CaTin qui me l'a gracieusement cédée il y a quelques années moyennant un harcèlement méthodique de ma part. Et au début sans sa cover qui se trouvait dans une boîte à gants, en Suède, chez un ramasseur de fraises... Oui, il ne faut parfois pas chercher à comprendre, j'ai entre temps mis la main sur cette journalistique pochette, c'est tout ce qui compte.

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JR Ewing - Pure Premium vol.1 N°5 (90's Underground Hits)



A l'heure où le baril de pétrole a dépassé la barrière des 100$, les disques enchainés sur cette tape n'ont pas attendu 2008 pour exploser les côtes comme la cargaison du Prestige ou de l'Amoco Cadiz. Du bon jus de fruit concentré, un zoom sur une époque dorée où un groupe strictement inconnu pouvait pondre une bombe et retomber aussitôt dans l'anonymat avec une carrière façon comète de Halley. Quasiment la mixtape parfaite, une des trois figurant au panthéon du genre avec la "Underground Flava" de DJ Bless et "Battle Zone" de DJ Three... Peut-être la k7 la plus connue, la plus plébiscitée et la plus diffusée du mari de Sue Ellen... Celle qui a aussi réveillé plus d'une âme de indie-lover et ruiné plus d'un foyer à coup d'enchères de folie sur Ebay... Celle qui a aussi causé une pleiade de wantlists consanguines, du style "il me faut absolument ce disque juste parce que Ewing l'a joué !" Waouh...

"Independant as fuck" clamait déjà Company Flow. L'or noir à son meilleur.

17 févr. 2008

Crazy B : Scratch Attack ! + Franken Scratch (Double H Productions)

Une des grandes figures du Djaying est à l'honneur pour ce billet spécial cover / tracklist inauguré précédemment par la trilogie Mizé Records devant les requêtes assez nombreuses qui me parviennent.

Crazy B et son compère Faster Jay étaient les véritables cautions Hip Hop d'Alliance Ethnik. Membre du Double H, l'homme à la salopette a été aussi honoré par les jurés des Championnats du Monde DMC que Poulidor par le palmarès du Tour de France. Toujours placé, jamais gagnant à l'international en solo, même s'il a régné sans partage sur les compétitions hexagonales. Pone, Netik, les mecs de C2C, autant de tueurs aux mains de cire qui descendent directement de la branche de ce technicien génial aujourd'hui allié aux Birdy Nam Nam...



Face "P"

Intro - Nous ne sommes pas des malades
Faut-il encore que le sang coule
La Tempête
Faster Jay - Fight The Power
Interlude
Dj Pone & Soul G - Freescratch
Crazy Booger
Mystic Style
Tonton scratcheur
Interlude ventilé
Old school style
Spectra Force
C'est moi le mâitre
Interlude endommagé
Pone & Crazy B - Pour baiser la reine
Breaker revenge
Outro - The godfather

Face "T"

Intro - Psyko
Ne me teste pas
I'm the scratch king
Rambo scratch
Tribe scratch
Oh shit !
Interlude
Gangstarr scratch
Dj Mouss aka Chorley
Interlude
Pone & Crazy B - Pas de bavures
A la dj scratch
Dj Mouss - pourquoi t'as pas descendu ?
Pink Panther
Pone & Crazy B - We got style
Crazy - Rouen 97



Face Q

Crazy Style
Session Exercize
Gymscratchin' interlude
Biatch !
Rocky smooth Interlude
Degré de Technique : impressionnant
Espace temps : 2036
Session très très buzy all
Contact Dj's
Freestyle Scratch Crazy B vs Dj Pone
Freestyle Scratch Crazy B vs Damage
Dj Pone vs Crazy B / Question-Réponse
La faim de la côté Q

Face X

Les Martiens débarquent
Let's dance to the scratching beat
Jazzy Dream interlude
Vas-y Baby
Wild Style
Session cut-scratch-flare
Like This Y'all en français c'est comme ça !!
Smooth Jazzy Cool Funky Interlude Yeah Yo !
Freestyle DJ Pone vs Crazy B
Dj Damage & Dj Pone in your face
Interlude un peu mystérieuse dès que tu entres dans le vif du sujet, t'as l'impression qu'il va se passer quelque chose puis en fait y'a l'autre qui est au volant de sa caisse avec une gonzesse et il l'a B...
Freestyle Crazy B - Cut Killa
Le mot de la fin









11 févr. 2008

Rêves de Cire Part II





"Dans ma tête II (Chimiste Remix)" du Coup d'Etat Phonique... L'original est un peu beaucoup parmi les premiers sons hiphopement correct que j'ai pu écouté. Oui, avant le Conçu pour durer en 95, y'a eu MC Solaar, même si à l'époque, Mr Claude ne plaisantait vraiment pas au microphone. Des trucs plus honteux comme MC Hammer et Vanilla Ice, les punching ball de Suge Knight. Puis, la chance de tomber au bon endroit, au bon moment, d'avoir le frère d'un pote d'un pote, etc... qui taquine la cire, qui fait ses courses chez un disquaire, endroit pour le moins bizarre du haut de tes 13/14 ans... De hasards en hasards, des copies k7 circulent, on kiffe mais pas autant que lorsque nos oreilles seront assez mâtures pour capter le comment du pourquoi. 1995 / 2008.

Bref, la madeleine de Proust est ici signée Arsenal & Label 60 avec le remix scandaleusement dangereux de Chimiste qui a toujours su faire fumer les machines sur ses rares interventions à la console. "Dans ma tête II" ou un lifting sur mesure tout droit sorti de la clinique McNamara & Troy. Brillant, l'original de Lumumba l'était déjà. Sa relecture lui redonne un nouveau visage sans en altérer le grain de maîtrise qu'atteignait déjà son alter ego avec Doc Odnok et Egosyst au contôle.

La face B est helvète en la personne des Petits Boss avec Dj Mehdi et son sampler si singulier. Un son estival, le refrain rentre directement Dans ta Tête sans que "La Voix claire" ne quitte cette satanée boîte crânienne et ses tympans. Tout est calculé à en croire le titre de la face A déjà évoqué plus haut.






10 févr. 2008

Mizé Record - Mixtapes trilogie



Tapes à concept pour les deux premières (la troisième portant le nom de la série mais ne se pliant pas à une thématique donnée : sélection US et quelques interventions françaises), les k7 Mizé Record avaient le bon goût de servir des inédits sur mesure (avec des productions parfois aussi originales) puisque chaque prestation répondait à la question titre des projets : "Pourquoi tu prends le Mic ?" / "Est-ce suffisant de prendre conscience ?". Leitmotiv au final bien connu des auditeurs de Kalash, instigateurs du projet, qui signèrent-là deux des meilleures cassettes hexagonales qui auraient mérité une sortie CD tant le tout est de bonne facture et les invités au rendez-vous. Mais les aficionados des bandes magnétiques ne s'en plaignèrent jamais, gardant pour eux le précieux secret à l'instar d'un Gollum sponsorisé par MAXELL C-90.



Réponses A/

Intro / Kalash / Double-J
Kalash
Pyroman & Neda
Les Débutants
Papifredo & Samy
Hardcore & Âme
Rocking Squat / Kalash / Saïd Tagmaoui
F-Dy & La Loco
Rocé & Less' Du Neuf
Nex

Réponses B/

La Profécy
Ekoué & Vasquez
Crises en Thèmes
Don Pitchou / Apollo G / Mel K / Witty
Diam's & Sous-Scellés
Les Repentis
Roussière Squal
Kabal
Outro / Dj Oz




Face A/

Intro
Scred Connexion
La Prophécie
Sheryo / Casey / Kalash
Mata
L'S-Kdrille
Hardcore & Âme
Lang Déliées
Nex-Koriace
La Caution

Face B/

Kalash
Mic Xeno
faf Larage
Sterna
Rockin' Squat
Energumènes
Melopheelo & Passpartoo
Apothéose
Les Spécialistes / Guile / Mel K / Abuz
Tarik & Caps




http://www.myspace.com/kalashcoupkjackmes

http://www.myspace.com/coupk

http://www.myspace.com/wwwmyspacecomjackmes



8 févr. 2008

Corrado - Sopradope 2 mixtape



http://www.megaupload.com/?d=QX2J465G


01.A3 - "Woke up this morning"
02.SON A BLUNTZ - "Don't snooze"
03.MR D ORIGINAL - "Now u da man"
04.DA NABA HOOD THREAT - "Mind tricks"
05.BRASS TACKS - "Hidden insight"
06.WALKMEN - "The countdown"
07.POLECAT - "R.I.P"
08.MAJA LEAGUE - "Organized crime"
09.MAFIOSO CHAPTER - "Money ambitions"
10.MAFIOSO CRIME FAMILY - "Diniro"
11.NITTY GRITTY - "Tru-grain"
12.MONEY BOSS PLAYERS - "Gunplay"
13.C.H.A.O.S - "Death stalks"
14.CIPHER - "Peeps"
15.DOUBLE L - "Don't ever doubt"
16.DRAMA KLUB - "Goin down"
17.BLACK EYE - "Blue black"
18.NOMAADS - "The ultimate"
19.RUTHLESS BASTARDS - "Ruthless bastards"

http://corrado.podomatic.com/


Aaaaah, ceux qui ont loupé la saison 1 ne pourront plus trouver d'excuses, l'homme Corrado est de retour avec une sélection indie aux petits oignons. L'occasion aussi de pique-niquer sur sa page de podcasts, histoire de vitaminer votre I-pod souffrant de diabète et de cholestérol avec tout les trucs trop gras que vous lui filez.

Certains prétendent avoir la tête haute et les mains propres alors que c'est l'exact opposé. Je milite pour "Artères bouchées mais oreilles propres", les gens.

Et sans inverser, hein.

5 févr. 2008

Bit et Naw : partners in crime





Bit et Naw, les deux font la paire. Je ne veux pas savoir qui se cachait derrière cette bouffée d’air frais qui m’a touché jusqu’au fond de ma province. Bit et Naw. Association de peintres causant pertes et fracas. A l’échelle de mon existence c’était surtout la preuve qu’un autre graffiti était possible. Que la technique ne faisait pas tout, et que bien souvent elle agit comme un triste cache-misère.

Les lettres des deux compères étaient épurées, et imparables. De 7 à 77 ans, pour peu que tu sois capable d’accepter autre chose que l’image préfabriquée qu’on a voulu t’imposer du graffiti, ça te touche. La raison est simple : Bit et Naw c’est l’enfance de l’art, mais c’est aussi l’art de l’enfance. Retour aux dessins primitifs, sans Jacques, sans ticket d’entrée, sans queue à faire. Pourtant j’aurais payé cher pour voir débarquer en gare ces soleils d’aérosols. Même à 700 kilomètres de là, la moindre photo glanée dans n’importe quel magazine me faisait l’effet d’un encouragement. Comme s’ils nous disaient : « tenez bon les petits, vous croyez qu’on se pose des questions nous ? Non ! On est là, on peint, et s’ils aiment pas, tant pis pour eux. »

Aujourd’hui, il est clair que mon goût d’alors pour l’association rose et vert flashy de chez altona trouve son explication dans les divers whole cars du tandem infernal.


(capture écran de Mr Moelon)

En mémoire, il y a le choc reçu dans la Ultimate vidéo 1: quand tout ça se met à rouler, à bouger, que ces couleurs brillent, vivent, bien plus que les gens qui montent et descendent des trains. Naw c’est aussi des flops super efficaces, les petites dents de vampire dans l’espace du « a »,l’esprit de Quik remis au goût du jour sans le trahir. Bit et Naw ne font pas que garder le temple, ils le montrent, ils le font sortir des dépôts merdiques pour amener la bonne parole jusqu’à Saint Lazare, et tellement plus loin.
Des persos improbables sortis de leurs cerveaux fous faisaient danser ces trains gris, impossible d’oublier « le PSL contrôleur ».

Du coup ces trains gris ont une dimension quasi mystique pour mes amis et moi. Quand la SNCF a eu la bonne idée d’en balancer quelques-uns vers chez nous, mes potes toujours actifs sont allés les peindre comme on part en pèlerinage. On remettait les compteurs de notre histoire avec le graffiti à zéro. On n’irait jamais peindre le métro new yorkais, mais on aurait notre petit PSL à nous, merci Kim pour la dédicace, tout ça a du sens, même si ça semble dingue.

Bit et Naw, drôles de héros quand on a 15 ans. 1998, les idoles sont Zizou et Deschamps, la vidéo UV est en train d’être montée, dans quelques temps Reso se la fera voler par Peper qui se la fera voler par Asie qui se la fera voler par moi. Si je tiens le connard qui me l’a volée…

Bit et Naw où l’insolente réussite de paris qui semblent perdus d’avance : 3d vers le haut, intérieur violet clair, contours violet foncé, lettres carrées, et l’ensemble a pourtant du style à revendre. Un profond respect des « fondamentaux » transpirait de leur travail; il ne s’agissait pas de peindre de la main gauche halala-on-se-marre-trop-à-se-moquer-de-l’époque-ça-va-faire-
rire-Agnès B-quand-on-va-lui-raconter
. Les types connaissaient leur culture, c’était une véritable célébration, bien plus qu’un hommage, la démonstration que tout ça n’était pas fini. En ce moment même, ces trains gris continuent leur promenade dans ma tête.

Olivier CaTin

2 févr. 2008

Rêves de Cire Part I





Alors que nous faisions les courses avec mon compère Somnoleur, j’ai eu la chance de fouiller le bon bac, tandis que lui se démenait avec les déchets de maxis r’n’b généreusement soldés (juste retour des choses quand je sais le nombre incroyable de maxis que cet enfoiré a soulevé dans sa carrière de digger). Au milieu de toutes ces merdes, dans le magasin le plus comique de Bordeaux, je suis tombé sur ce formidable vinyle du Black Desperado.

Sorti en catimini en 2001 pour annoncer « L’amour est mort », l’album alors à venir d’Oxmo, ce maxi deux titres n’a pas eu l’écho qu’il méritait. On aurait pu parler à loisir du titre « Ghettos du monde », des rimes assassines balancées par le Black mafi-o-so, de la façon de découper la boucle de son éternel compère Dj Sek ou même de la belle pochette concoctée par Armen. Mais tout ça est presque anecdotique dès lors qu’on retourne le vinyle et qu’on fait jouer la face B. Là se trouve un trésor ignoré du rap français : le titre « Je rappe pour rien » avec le géant Dany Dan. On avait déjà pu entendre ces deux là sur le morceau « A ton enterrement » mais ici la prestation des duettistes dépasse l‘entendement.

D’abord il y a cette boucle cuisinée aux petits oignons que Dj Sek a la gentillesse de laisser tourner, le temps pour l’auditeur de nourrir les espoirs les plus fous. Et là, avant de se rendre compte de ce qui lui arrive il voit débarquer Pop Dan avec son aisance habituelle qui vient raconter ses souvenirs avec un grand sourire aux lèvres. Toujours scotché à son fauteuil il prend de plein fouet le refrain qui ouvre le boulevard à Oxmo… Un couplet mémorable en forme d’hommage aux Sages Poètes de la Rue avec un brin de nostalgie. C’est bon, arrêtez, laissez souffler cet auditeur, il frôle l’asphyxie; c’est qu’il avait perdu l’habitude d’être pris à la gorge comme ça le pauvre (pendant ce temps Dany Dan envoie un deuxième couplet plus égotrip). Ah, Ox a quelque chose à rajouter, merde, il en remet une couche sur ses souvenirs d’adolescence avec toujours ce flow tellement carré qu’il semble évident. « Auditeurs et spectatrices applaudissez c’était les charismatiques pratiquants du rap magique »… Paralysé sur sa chaise, l’auditeur ne peut s’exécuter, tout juste peut-il commencer à se rendre compte de l’énorme gifle qu’il vient de recevoir et de réaliser que non, le rap n’est pas mort.

Ce titre, « Je rappe pour rien », était en fait annonciateur de la débâcle : « mon deuxième album était bénévole » racontera Oxmo quelques années plus tard. Peut-être que sept ans après sa sortie le public français aura compris qu’il a laissé passer une sacrée pépite dans son tamis percé. Quoi qu’il en soit cet inédit gravé dans la cire noire est sans conteste le meilleur duo jamais réalisé en France. Il fallait qu’on en parle.

Olivier CaTin

Le titre est en écoute dans le player





22 janv. 2008

(...) et d'une catin


Peut-être que Dj Lam C aurait réfléchi à deux fois avant de mourir s’il avait su qu’il servirait de muse à Éric Zemmour.



En ces temps de gastro-entérites aiguës, il me semble de bon ton d’indiquer à tous que la lecture de Gasface accompagnera agréablement vos longues heures passées aux toilettes. Les responsables de cet excellent magazine étant particulièrement mauvais communicants, je me fais donc un plaisir de relayer leur message : au menu : Saigon fait dans la finesse, Les Mc Cann résiste mieux à l’hiver que Carlos, et Aarafat vous explique tout ce que vous avez toujours voulu savoir sur le rap français sans jamais oser le demander; incontournable!




Aarafat, reparlons-en. Soyons clair, c’est un ami de la maison, mais comme le montre la sélection de mon acolyte, on ne cite pas que nos amis ici, puisqu’il est assez clair que certains de ses amis ne sont pas les miens (mais de qui parle-je?). Ah lala, les accointances entre les journalistes et les milieux d’argent. Trêve de conneries.




Aarafat donc, a eu la bonne idée de rééditer l’album La Bible Du Soldat, retirée des bacs il y a dix ans (à lire dans gasface), le tout agrémenté de 6 inédits où LIM et Zoxea partagent le micro (et non pas la hache de guerre). On y trouve aussi Raphael en grande forme sur le titre « mode de vie », des solos d’Aarafat et plein de bonnes choses, pour 5 euros. Y en a que ça agace de payer pour des mp3, y en a que ça agace de voir l’état actuel du rap français… On a choisi notre camp!




Au rayon des bonnes nouvelles, il semblerait que les graffeurs de la capitale soient en train de prendre le pouvoir dans les tunnels du métro si j’en crois le nombre de wagons peints que j’ai pu voir lors d’un bref passage à Paris. Mon conseil est le suivant : achetez un ticket de métro et promenez vous de ligne en ligne. « Dire que les gens s’ennuient dans les transports en commun » comme l’écrit fort justement l’ami Fuzi. Oui, tout ça pue un peu le copinage, mais jetez deux yeux à son blog, ça vaut le détour.



Une autre recommandation qui ne vous coutera rien : rendez vous dans un magasin de vêtements hip hop (ne me demandez pas ce que « vêtements hip hop » veut dire) et adressez vous au vendeur en ces termes :
« Bonjour, je voudrais la compilation Wrung » (vous pouvez à loisir remplacer « bonjour » par « wesh ma gueule » ou toute expression vous permettant de créer une complicité avec le préposé aux t-shirts).
Quoi qu’il en soit, vous vous verrez remettre gratuitement en échange de ces quelques propos un cd mixé par notre bon ami Dj Duke (qui n’est pas à proprement parler notre bon ami mais ce papier est basé sur l’amitié inter hiphopienne qui, comme chacun le sait est aussi réelle que le sexe des fondateurs de 90bpm). Ledit cd regorge de classiques, très bien mixés par le lyonnais, et, en dehors d’un ou deux morceaux dont la présence est incongrue, on passe un délicieux moment.



Je ne connais pas personnellement Pierre-Louis Basse, je m’en vais tout de même recommander chaudement la lecture de son Guy Moquet au Fouquet’s, et si le coeur vous en dit, poursuivez l’aventure avec Ma ligne 13 et même le récent 19 secondes 83 centièmes traitant du poing levé de Tommie Smith et John Carlos à Mexico. Non, la conscience politique des sportifs n‘a pas attendu les opérations pièces jaunes pour se développer. Si votre compte en banque est à sec, écoutez l’ami Pierre-Louis (qui n’est pas notre ami) sur Europe 1 le lundi soir. Non, le foot ce n’est pas que Luis attaque!

Trêves de conneries, un jour on refera des vrais articles, Somno fera sa chronique des Sages Po, et moi les portraits de Lokiss et de Fuzi, mais pour pas finir comme Dj Lam C, on y réfléchit à 100 fois, c’est tout.

Olivier CaTin

20 janv. 2008

Conseils beauté et shopping d’une dormeuse…



Ok, Noël est passé, la thune est rentrée mais aussi beaucoup plus partie dans la majorité des cas. Heureusement, histoire de rééquilibrer la balance économique mondiale et de rehausser le P.I.B de notre vieux beau pays, mon compatriote et moi (haha, si vous saviez) nous permettons de donner quelques bons plans consommation à nos quelques lecteurs égarés, inconscients et surtout tolérants. Wé, qui peut se targuer, dans ce pays et en 2008, de relancer la consommation, le marché du disque et les relations de couple en vous faisant faire de substantielles fucking économies à part un mec spécialisé dans le foutage de merde partout où il passe et un second qui se fait fort d’expérimenter systématiquement la sensation inverse de l’aérodynamisme ? La sélection de Catin arrivera dans la foulée d’ici quelques jours, contenez-vous encore un peu.



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Le négatif parfait de l'"American Gangster" de Jay-Z exécuté par l'ébéniste de LZO Record, j'ai nommé Lartizan. Ou comment réussir à être créatif et brut de décoffrage dans l'urgence tout en ayant la lucidité (tout aussi brute, d'où l'intérêt du blog)de commenter ce même processus créatif sur lequel il est si difficile d'avoir un recul suffisant. La plupart des sons de l'original se font remballer, comme si un petit ébéniste auvergnat avec 38 ans de métier mettait à l'amende Philippe Starck sur la commande d'un meuble. Une patine dûe à cette fameuse spontanéité, une absence certaine de calcul et l'inspiration qui font qu'on ne compare pas une horloge comtoise avec une Flick Flack. Addictif et jouissif, à la surprise même de l'intéressé.

Lartizan presents The French Gentleman

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Toulouse, capitale mondiale du blend ? Faut croire puisque l'homme Jee, déjà universellement connu pour ses déboires avec la gente féminine, que ce soit avec son cyber harem ou dans la vraie vie (la vie Auchan), est l'auteur de ses blends magiques dont le FAMEUX "Worldwide" de Raphaël/Shyheim/Loucha, découvert grâce à Beleck. Morceaux français sur instrus US et vice versa, Recognize & Realize pt II de Noyd/Mobb Deep comme papa dans maman sur l'instru du Mégotrip, même punition pour la Lettre au Président de Fabe sur le "Changes" de Shades Of Brooklyn, relecture togolaise du Paula's Jam de Paula Perry sur Blessé dans mon égo, le couplet de C.R.E.A.M du Chief sur "L'homme que l'on nomme diable rouge", etc...

Orijeenal Blends (1998)

L'homme Corrado poursuit l'exercice depuis la ville rose et s'apprête même à lâcher dans la nature en cette fin janvier la deuxième saison de la mixtape Sopradope :




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Ta femme a ses règles ? Eloigne ce mix-cd de ta moitié. Ou rapproche-le, suivant tes (mauvaises) intentions. Voix pitchées, thug music, forcément un autre délire que les Pure Premium mais toutes les bonnes choses se font désirer et il faut parfois embrayer sous peine de caler sur la voie de gauche du Périph'. Le sang appelle le sang, en attendant le serpent de mer qu'est le DVD/Mixtape Metro Veteranz, l'arlésienne qu'il fait bon attendre.

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La minute bordelaise. Toi aussi tu as été élevé à coup de Radio Sauvagine, Radio Black Box, le Bled Squad Punisher, les Fatal Flow, le collectif Sang Noir, Slama Jama, les Jongleurs Linguistiks, 187 Prod, Ousmane 33400, Jeff le Cervo, Kartel 357/Guerriers Du Son et Asphalt Bangerz League ainsi que les dingues qui se cachaient derrière le fanzine Reprezent, Pipapok et First Time te disent quelque chose ?

En quelques mots, sans doute le groupe de demain sur Bordeaux, celui qui progresse à grands pas et corrige ses défauts suffisamment vite pour durablement passer les paliers et les frontières du département. Jetez-y une oreille comme Van Gogh, on en reparlera dans quelques temps. "Danse de zoulou" aka le morceau qui te trotte dans la tête toute une journée après la 1ère écoute. Les Aubiers et M-Allians, papa.


Danse de Zoulou




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Enfin, la minute Grouillons de Culture, celle où tel un certain Bernard Pivot, je vais à moi seul orienter des centaines de milliers de lecteurs à la seule force du poignet, simplement parce que j’aurais cité ces titres-là et pas d’autres… Les éditeurs concernés peuvent me joindre pour obtenir un R.I.B à jour, c’est sans problème.

Oui, donc :



« Histoire de Dieu à un coin de rue » (« Historia de Dios en una esquina ») de Ledesma.

Bouquin chiné au hasard, exactement comme ceux qui suivront d’ailleurs. Une punchline toutes les deux phrases, un vrai putain de style, une plume trempé dans la Transition espagnole et même la transition tout court où notre lubrique personnage principal d’inspecteur regrette l’ère dans laquelle il entre et l’ancien monde qu’il voit péricliter à grands pas. Pour peu que l’on ai quelques notions de la civilisation espagnole de ces 50 dernières années, le bouquin est un délice, une bénédiction pour une future adaptation ciné, même si la moelle de l’œuvre n’est pas tant l’intrigue tordue et géniale que ce fameux style et ces états d’âme constamment contrebalancé par un humour pince sans rire. A noter que la traduction est réellement travaillée et réussie, à tel point que le rythme et la construction des phrases sonnent véritablement ‘à l’ibérique’. Un grand plaisir donc de retrouver les héros récurrents de Ledesma, l’une des figures du journal catalan La Vanguardia : le Vieux Barcelone et l’inspecteur Méndez.

http://www.editions-l-atalante.com/pages/auteurs/insomniaques/ledesma.htm

http://pagesperso-orange.fr/arts.sombres/polar/3_dossiers_entretien_ledesma_fr.htm

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« Psycho » (The Skin Gods) de Richard Montanari

Ah, la magie du marketing et le génie de l’accroche. « Un maître de l’angoisse ». Une citation de James Ellroy qui prend même la place du propre nom de l’écrivain du bouquin sur la couv’. Tape à l’œil et persuasif, pour peu qu’on soit amateur du damné de Los Angeles. Une fois la banane digérée, reste un sens de la construction du récit impressionnant et qui est d’ailleurs le point fort du bonhomme. Un metteur en scène n’aurait qu’à se baisser pour l’adapter tant le tout est balisé et (très) habilement amené. Impossible par exemple de deviner l’identité du tueur jusqu’aux toutes dernières lignes. La description de Philadelphie vaut aussi le détour même si ce personnage-là aurait mérité une plus grande place au final. Du point de vue du style, c’est une autre paire de manche. Faute d’avoir ingéré la version originale, ma pseudo critique éclair ne sera jamais pertinente, mais force est de constater que Montanari a fait plaisir à son éditeur en cédant aux avances insistantes de ce dernier tout guilleret à l’idée de rééditer le coup de son premier opus. Ah oui, j’vous ai pas dit ? En fait, j’ai lu là le deuxième tome des « aventures » des inspecteurs Byrne et Balzano. La citation d’Ellroy concernait d’ailleurs ce « Déviances » (Rosary Girls) que j’ai acheté entretemps. Lecture à rebours à éviter si jamais un potentiel lecteur passe par là puisque l’intrigue du 1er est spoilée dans la suite. Logiquement.

Propos du livre ? Un assassin qui prend malin plaisir à faire le copycat mais en reproduisant cette fois-ci des scènes de meurtre de classiques du cinéma tout en se mettant en scène et en se filmant avant de semer au vent ses snuff movies… Ca paye pas de mine mais quand on s’aperçoit que Montanari joue autant avec nous que son psychopathe avec sa caméra, on rigole moins, et on avale les pages le plus vite possible pour effacer les points d’interrogation. Malin, le bougre.

http://www.richardmontanari.com/


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« Les vitamines du bonheur » de Raymond Carver.

Gros client en la personne de Carver, l’un des meilleurs écrivains de nouvelles de l’histoire avec les Hemingway, Cervantes, Edgar Poe, Tchekhov, Buzzati, K. Dick et Borgès. A la lecture de ce recueil, on sourit. On sourit en repensant aux ridicules pastilles de Delerme dans ses « Première gorgées de bière et autres plaisirs » (sic). Ou à ces écrivains de pacotille comme Paulo Coelho, Werber, Levy… Les écrivains du rien qui sous couvert d’une (bonne ?) idée, s’arroge les galons d’écrivains. Ok, s’ils vendent des brouettes d’exemplaires, de par le monde qui plus est, c’est que le phénomène est loin d’être anodin. Wé mais non. Voici et Closer vendent plus que Le Monde Diplo, et alors ? ¿Te suena ? Bon, Carver écrit comme Selby respirait : avec la mort en vis-à-vis, le souci de raconter, de jeter des scènes du quotidien sur la toile, sans pinceau mais avec les doigts. Sans trop en faire mais avec ses empreintes à même la peinture. Au contact du papier, au contact du réel. Ecrire à ventre ouvert, les mains dans les tripes, l’encrier le moins cher du monde. L’urgence au bout du canon, un instantané de vie aussi éclairé qu’une scène du Caravage : à la bougie, le clair obscur dictant seul les contours du récit. L’Amérique sans Director’s Cut, celle qui travaille plus pour mourir plus gros, plus seuls, plus tristes. Même ANU serait à court de superlatifs. Aussi dangereux que Mind à un congrès de Greenpeace ou que Bachir qui se décide à numériser sa bibliothèque d'Alexandrie à lui.

Mes respects.

24 nov. 2007

Les règles, c’est pour les femmes...




Il faut le confesser tout de suite, je n’avais pas vu venir le mouvement. Tout commence par une de ces conversations éprouvantes avec un type adoptant un ton racailleux qui sonne terriblement faux, un fils de riche honteux, extraits :

- Wé, on avait passé trois jours à faire notre fresque, et vous, vous venez faire vos trucs en deux heures par dessus, ça se fait pas (je vous épargne les tac tac t’as vu ma gueule).
Mon interlocuteur était dans un grand jour, ce qui suit est vrai, un homme a vraiment dit ça :
- C’est comme pour Reso, le mec il se bouge le cul, il fait 300 kilomètres pour faire une pièce ici, et vous le repassez.
En deux phrases on venait de faire basculer le graffiti du monde de l’art à celui de l’artisanat. Le graffeur est payé à l’heure faut croire, et les déplacements eux aussi sont facturés, bientôt on aura droit à des tickets resto, jusqu’ici tout va bien.
Est-ce que ce type face à moi avait décidé de m’achever, avions-nous été si méchants avec lui pour qu’il ne s’arrête pas là et qu’il ajoute :
- Dans le graffiti y a des règles quand même.

Bien entendu, on savait que ces gens là existaient, mais jusqu’alors, ils avançaient masqués, ils avaient honte de penser ça. C’est fini, l’époque est à la « décomplexion », après la droite décomplexée, le graffiti bisounours décomplexé.
On peut penser à un épiphénomène, il n’en est rien. Je savais que la lecture des forums « graffiti » n’allait pas me réconforter, je suis quand même allé voir, j’aurais pas dû.
Pour résumer :
1) tu ne repasseras point une pièce si celle-ci a nécessité plus de temps que celui que tu y consacreras
2) tu ne repasseras point la pièce d’autrui si celui-ci a engagé des frais d’autoroute pour la réaliser (applicable en cas de frais de trains ou d’avion, mais pas pour les déplacements à vélo)
3) tu ne toyeras point
4) tu ne repasseras point une couleur avec un chrome ( application jurisprudentielle de la loi 1)
5) tu ne te battras point
6) tu ne dépouilleras point

Loin de moi l’idée de faire l’apologie du toy ou de la dépouille, mais tout de même. On sait, dès qu’on accepte de faire du graffiti qu’on s’expose à certains risques, rappelons, cela me semble important, qu’il s’agit d’une activité illicite se déroulant dans la rue. On peut très bien peindre pendant des années sans jamais avoir ce genre de problèmes, ou sans se livrer à ces activités. Qu’on soit bien d’accord, la dépouille n’est pas une composante du graffiti (contrairement au tag par exemple), mais c’est une des possibilités d’une telle activité (comme la prison, les balances etc). Sortir le graffiti du contexte nécessairement violent dans lequel il baigne, c’est l’amputer de son principal intérêt. Si on limite le graffiti au fait d’aller peindre, on est bien dans une discipline artisanale, c’est de la décoration, on devient collègue de travail de Valérie Damidot…

On peut en rire, si tu viens faire du graffiti mais que tu n’es pas disposé à te faire vider les poches, repasser ou toyer, t’aurais mieux fait de t’orienter vers la peinture sur soie, ou le football; tout le monde n’est pas obligé d’être graffeur. C’est l’autre aspect du problème, tout le monde veut en être, tout le monde veut aller choquer les bourgeois, en faisant du rap, en allant taguer, mais dans la courtoisie et la bonne entente.

Il existe un Code civil, un Code du travail, un Code de la route etc etc, ces cons rêvent d’un Code du graffiti. Ce serait tellement plus rassurant. On irait faire une belle pièce, en couleurs, et on aurait l’assurance que personne ne pourrait la repasser à moins de vouloir en faire une encore plus belle et plus colorée. On ne supporte plus la mocheté, la rature. Et même quand on prétend s’y livrer, on veut la codifier pour la rendre acceptable, pour la rendre conforme aux critères de beauté, pour la rendre lisse et docile. Ces types sont des dompteurs de graffiti!

Les clips de rap ne tolèrent plus que les putes à la plastique parfaite, les grosses voitures, les belles maisons. Son frère ennemi, le graffiti, lui emboîte le pas et à son tour ne veut plus que du beau. Des belles lettres d’Orphé, tracées dans l’illégalité(quand même, on a des principes), mais ne supportant pas d’être recouvertes par le manteau chromé du vilain Trane. Des jolies expos avec des jolis gens, mais n’admettant plus d’être troublées par les méchants graffeurs qui viennent casser la fête. Des jolies bombes montana gentiment achetées dans un beau magasin spécialisé, mais révoltées de devoir passer de force dans les mains sales de ce type qui n’aura qu’à dire « vide tes poches » pour les avoir. Cette quête du beau conduit à un mouvement aseptisé, acceptable, présentable, hiérarchisé. Que ceux qui sont en train de déployer un cordon sanitaire autour du graffiti pour en faire cette sympathique activité de décoration gardent à l’esprit que quand leur entreprise aura réussi ils auront vidé cet art qu’ils prétendent tant aimer de tout ce qui en fait l’intérêt. Mais ils pourront enfin arpenter les rues sans risques, en ayant l’impression d’être super transgressifs. Vaste blague.

« Dans le graffiti y a des règles », voilà ce que l’autre con m’avait dit. Les règles, c’est pas pour le graffiti, les règles c’est pour les femmes.

olivier caTin

19 oct. 2007

Trane, le petit prince du rail





A c’qu’il paraît il a douze ans, à c’qu’il paraît il fait deux mètres, à c’qu’il paraît c’est un gitan, à c’qu’il paraît il a dépouillé X et Y, à c’qu’il paraît il vient de Marseille… On s’arrêtera là pour les ragots dont raffole la scène graffiti.
Trane n’est rien de ça, Trane est tout ça, et tellement plus que ça. S’il n’en reste qu’un ce sera lui. D’ailleurs il ne reste que lui, les autres sont chez Agnès B., en taule, ou sur les forums internet à courir dans le virtuel après un titre qu’ils ont réellement laissé filé depuis belle lurette. Les balances ne servent plus à rien, Trane a tellement saigné la France qu’il peut partir à l’ombre 10 ans et revenir sans avoir perdu sa couronne. Du jamais vu. Chaque époque a ses cartonneurs, de Boxer à O’clock, mais rien n’arrive à la cheville de l’oeuvre de Trane. Rien, personne. À lui seul il ridiculise n’importe quel crew. Incontournable. Prenez votre voiture, perdez vous dans la campagne, cherchez la première voie ferrée à proximité, il y aura une pièce Trane. Ses détracteurs mettent en avant son absence de style; « il fait toujours la même chose ». Marrant que dans un milieu toujours prêt à imiter la dernière tendance on reproche au dernier des mohicans de ne céder à aucune mode et de se contenter de répéter inlassablement la même chose : T.R.A.N.E. Tu pourras pas dire que tu comprends pas, prends ça dans la gueule, visualise ce qui te sépare du trône. Puisque c’est si nase que ça, vas-y, rentre dans la compétition. Mais attention, le tournoi ne dure pas quinze jours, le temps de trouver autre chose à pomper. Avec Trane il n’y a pas de but en or, le match continue dans les vestiaires, et là ne compte plus sur l’arbitre pour t’aider… Eh oui, Trane joue dans la meilleure équipe. Dans les UV TPK, les milieux défensifs font passer Gatuso pour un chaton, Fuzi joue numéro 10 et distribue des caviars à son protégé. Trane c’est un peu Pipo Inzaghi. Pas vraiment élégant, pas vraiment aimé par le milieu, pas vraiment hype, mais toujours décisif, toujours là où il faut être, pendant que les autres vendangent leurs rares occasions, Trane transforme tout. Sa production rend anecdotique toute tentative de biographie. Peu importent les crews qu’il a pu quitter, les noms qu’il a utilisés, les fois où il a pu tomber. Au final il ne restera que cinq lettres de chrome incrustées sur un store, un toit, un wagon, un souvenir. Pas besoin d’attendre la mort d’un membre de l’Académie Française pour devenir immortel. Il l’est déjà, immortel, et indélébile, gravé à la Altona dans les têtes de tous ceux qui un jour ont levé le nez de leur journal dans les transports en commun, tous ceux qui ont manifesté un intérêt pour le graffiti, tous ceux qui ont mis le nez hors de chez eux, tous ceux qui ont vu leur environnement changer à mesure que les rats quittaient les dépôts du métro pour souiller la ville.

Olivier caTin

23 juin 2007

Interdits bancaires, huissiers, et endettements



Ok, l'été arrive, et le monde se divise toujours en deux catégories : ceux qui partent en vacances et ceux qui restent bien au chaud, mais chez eux. Histoire de creuser un peu plus les dettes, un peu de promo pour quelques sorties qui méritent un achat pour peu que vous ayiez du goût et des oreilles bien éduquées.


JR Ewing - Pure Premium vol.4




Les gens qui étaient là avant la première savent. Les autres saignent sur Ebay.

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Gasface N°3 - ( Kung Foutre Editions)



Nico et Groswift reviennent et foutent la merde dans les rayons presse de Super U ("Hein, Gassefasse vous dites ?"). 3€, la majeure partie des droits seront reversés à l'Olympique Lyonnais pour essayer de remplacer Malouda par Cristiano Ronaldo la saison prochaine. On y croit.

extrait : http://7leonn.free.fr/gasfas/Gasface_France_Inter-Alternative-15Juin2007.mp3


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Flynt - J'éclaire ma ville LP



Explicit Dix-Huit, Choc frontal, Fidèle à son contexte, Comme Sur Un Playground, ¿ te suena, carnalito ? Ok, donc suite logique, un long format qui met tout le monde d'accord, l'avant-dernier titre qui reprend la boucle du True Lies de Mobb Deep, des scratches, du texte, un artwork travaillé et une version vinyle de l'album... Plus d'arguments qu'un téléacteur de Cofinoga...

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La Rumeur - Du coeur à l'outrage (LP)



Impossible de faire plus actuel : Napoléon a survécu à l'arsenic, il est désormais Président de la République Française et voici la bande-son de son futur quinquennat.

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Arrivé ici, j'en entends déjà se dire "C'est quoi ce blog de merde, y'a pas d'extraits, d'albums entiers à dL, rien... Bah wé, politique de la maison depuis le début, c'est pas une succursale de la Fnac ou d'Itunes ici. C'est pas le but, j'ai du mal à blairer ceux qui pratiquent le "Je lâche la cover de l'album et un lien megaupload sans même trois lignes sur les concernés". Triste crasse intellectuelle et joli camouflage de manque de culture suffisamment répandu pour que je m'abstienne de faire la même chose.

Pour la route, histoire de dérouter pour de bon ceux qui seront arrivés jusqu'au bout :

http://www.guidedusurendettement.org/comment-saisir-comm.html

et


http://sergecar.club.fr/cours/societe4.htm

Bonne route les gens

22 mai 2007

Drop A Gem On 'Em






Ok, donc petite mise à jour du player avec quelques sons rajoutés : un long freestyle de la team C 2 La Balle; Daomen et Moda période Nouvelle Donne 1; Koma, Fabe et Eros lors de la sortie du East Woo E.P; un p'tit remix violent de "Dans ma Rue" avec Mystik, Ärsenik et les 2 BAL' puis pour conclure, une magnifique, tendre et très fine déclaration d'amour du M.Ä...

props à Dema et au K.Fear !!

20 avr. 2007

Fourche Ligne Zoo, Conçu Pour Briller

Un peu léthargique, le blog, oui. Pour la peine, quelques breloques histoire de faire passer le temps. Enjoy comme disait François Feldman.

Vidéo envoyée par somno

Vidéo envoyée par somno


Cliqua #.3
Uploaded by somno


Tout ça sort d'une vhs promo offerte à l'époque de la sortie de l'album de La Cliqua chez Barclay, images ripées par Chimiste au passage, avec pêle-mêle : 1 ère partie de House Of Pain à La Cigale 94 / freestyle fbs chez Dan (Tikaret) / 1 ère partie d Arrested Development à L'Olympia / extrait de l epk" La Haine" 95 et session Métro avec "Wake Up" de Killarmy détruit par Raphaël. Bah wé, Damien.

3 févr. 2007

Cut Killer - FREESTYLE Mixtape (1995)






Attention, poids lourd. Première tape à rassembler un casting 100 % francophone, chose qui n’allait pas de soi à l’époque, la Freestyle de Cut Killer figure également parmi les toutes 1ères K7 mixées sorties sur notre sol. DJ Clyde et Cut Killer ont ouvert la brèche, suivis de très près par DJ Poska, pour peu à peu créer un appel d’air tel que le support mixtape se révèlera incontournable. Objet de promotion, carte de visite, champs d’expérimentation et de liberté, pas évident de se remettre toutefois dans le contexte de l’époque tant l’objet s’est banalisé rapidement, envahissant un temps les étalages de shops : à la portée de tout le monde, ultra démocratique, aidée d’une VPC qui arrose le pays. Mais la banalité a aussi contaminé l’objet en lui-même : tracklist fourre-tout, concepts et pochettes bas du front, mixtape pas mixée (oui, oui, mais bon, en même temps, aujourd’hui, il y a bien les « mixtapes CD », parfois pas mixées non plus). Pas de petits profits sans grandes économies. Moué. L’histoire se fera justice elle-même, reléguant au pilon les sorties hasardeuses.

Avec un indéniable flair et un réseau d’amis qu’il mettra en orbite le long de ses sorties (mixtapes spéciales Sleo, Too Leust, Fabe & East, K-Mel, Sages Poètes De La Rue, La Cliqua, I Am, Boogotop, Lunatic, Afrojazz, Ménage A 3, D.Abuz System, Mafia K’1Fry, que l’on retrouve d’ailleurs tous sur la K7 Freestyle), et même si ses 1ers galops d’essai sont majoritairement empreints d’une stricte sélection us avec de brèves apparitions d’artistes français, l’ami Cut Killer va dénicher les têtes de demain ou constituer une suite de rampe de lancement en concoctant les concepts de ses sorties suivant son invité (fil conducteurs tels que la radio FM pour la spéciale La Cliqua, la mystique autour du nombre 361 pour les 2 spéciales I AM, dialogues d’Usual Suspects pour la D.Abuz ou extraits de la série L’Envahisseur pour K-Mel d’Alliance Ethnik), et en laissant de côté l’amateurisme des pochettes rudimentaires et artisanales pour des visuels uniques (pochette mythique de Mode 2 pour La Cliqua, ou la très réussie pochette de Jahyze pour la Afrojazz). Un indéniable flair puisque la très grande majorité des invités mis en lumière sur la K7 Freestyle par exemple a marqué de son empreinte une période de l’histoire de cette musique en France. Night & Day et Pias n’auront qu’à se baisser pour gonfler leur catalogue. Bon, trêve de blah blah, « MAGNETOPHONE, SERGE !! »

Chaque titre est un morceau en soi, loin d’une prestation éclair et bâclée (productions originales pour les Beat 2 Boul par les Sages Po, les T.O.P par Kead, les Hip Hop Swing par Hasheem, I Am par Akhenaton, les Too Leust par Jee-M.G et Hostil par lui-même), et donne parfois lieu à un meeting entre membres de collectif, façon mariage où la fête est prétexte aux retrouvailles : Le Complot des Bas Fonds, La Cliqua, Le MA3 et le Beat 2 Boul’ se taillent logiquement la part du lion, supériorité numérique oblige. Mais la force du nombre n’est pas seule responsable du saccage sonore : Fabe, Lso, Bo Prophete, Koma, Jazzy Ko & Sly D.O, Egosyst, Doc Odnok, Rocca, Daddy Lord C, Raphaël, Doc TMC, G-Kill, Mr R, Lyon-S, Krokmitten, Philo, L.I.M, Boulox, Houssen, Ali & Booba, Zoxea, Melopheelo et Dany Dan. Schindler himself n’aurait pas pu sauver tout le monde tant la liste est longue ET impressionnante.

Autant dire que ceux qui ont mis le doigt dans l’engrenage à cette époque et ont ruiné la bande chrome de la K7 ressentiront quelques frissons et pardonneront quelques maladresses, facilités et flows qui se cherchent encore. Les cicatrices ne bronzent pas au soleil, mais la nostalgie fait office d’un bon Photoshop parfois, au détriment de l’objectivité. Un Fabe encore préoccupé essentiellement par l’egotrip, comme beaucoup de ses coreligionnaires, inaugure l’Exposition Universelle ; Befa, déjà autoproclamé « impertinent » fait croquer ses frères : les Bo Prophet alias Bobo Stara et sa voix caractéristique et éraillée puis Loss Lechar et son cheveu sur la langue qui en place une pour Lucien, LSO est représenté par Force Rouge aka Diable Rouge aka Trick-Pa, futur membre éphémère de l’équipée Time Bomb. Koma, méconnaissable, se cherche et tâtonne encore, rendant encore plus remarquable la sobriété et l’efficacité de ses prestations à partir de Tout est calculé et on décèle même déjà un embryon de décalage dans son texte (« je ne suis pas dangereux, /ni gangster ni le neveu/ d’un parrain de la mafia /je suis un gars comme toi… »), puis les Sleo concluent l’affaire pour le 3 Majeur Flow. Marrant d’entendre Jazzy Ko citer Hakim Tafer, boxeur français du moment absolument cité par tout le monde à l’époque (Daddy Lord Clarck, Booba, Zoxea…), assez pratique pour recontextualiser les débats. Les textes visent la forme avec un gros travail sur les sonorités (assonances et allitérations en pagaille), et le plaisir du jeu de mot à tout prix. Le rap contact exercé comme une discipline martiale, aidé en cela par l’émulation entre groupes et l’effervescence d’une nouvelle scène qui voit le jour lentement mais sûrement. Le seul arbitre de ce jeu-là était la base, avant qu’une radio, parmi d’autres causes, ne vienne perturber la donne, mette à genoux les radios Black List et ne fasse l’arbitre elle-même pour ladite base.

Les 2 Neg, pas encore accoquinés avec les 2 Bal Niggets, sont déjà en mission suicide. C’est nerveux, Eben et Niro lâchent les chevaux avec l’énergie qu’on leur connaîtra encore plus tard avec les jumeaux sur scène et sur disque.

Puis on ne sait plus où donner de la tête : Kohndo met la barre tellement haut qu’on ne se doute pas qu’une armée de Dick Fosbury viendra égaler sa perf’. Egosyst, la seconde moitié du Coup D’Etat Phonique, balafre comme à l’accoutumée l’auditeur d’une oreille à l’autre (avec en point d’orgue de ses prestations son couplet resté dans les annales sur Rap Contact I de la Compilation Arsenal Représente Le Vrai Hip Hop). Puis le massacre continue avec La Squadra. Rocca et le Dad ne frappent pas avec un jab de débutant. Certains lyrics seront reposés ailleurs, mais les voix et les flows tuent tellement et avec tant de facilité qu’on actionne volontiers la touche Rewind. Puis le très jeune Raphaël conclut comme il peut après de tels passages à tabac. Fumer les micros en public était encore toléré à l’époque, c’est beaucoup moins vrai aujourd’hui. Seulement 3 titres écoutés, et on en a eu largement pour notre temps et notre argent.

Suit Manu Key qui représente pour Mista Flow et le fabuleux Lil’ Jahson, avec DJ Mehdi aux cuts, et préfigure le scandaleux morceau que le mentor de la mafia africaine partagera avec Dany Dan, Gravé sur mes shoes. Les projets d’un album commun entre ces deux-là restera longtemps un serpent de mer, alimenté par le titre Mon pote & moi où les 2 compères remettront ça encore une fois.
Crokmitaine et le D.O.C ouvrent le bal façon Carrie : vibe horrorcore pour le 1er, étonnant slackness pour le dérangé Docteur TMC, même le Triple-12 Quai des Orfèvres est en branle. Mais l’onanisme ne s’arrêtera pas là : Philo, G-Kill, Mr R et Lyon-S finissent de répandre les restes d’Agent Orange et on s’échappe comme on peut en imitant Kim Phuc.


Courte pause afrocentriste de B-Love bien manichéenne comme il faut, puis des chœurs horribles précèdent Abuz, toujours épileptique au micro. Re-pause avec les Poètes Hop Jazz : Vibe, Welcome et M.J ramènent le chant pour le plus grand bien des tachycardes jusqu’ici peu épargnés. Les très jeunes Petits Boss, alors plus exposés en France que leurs aînés du Double Pact grâce entre autre à leurs contacts avec La Cliqua, débitent un peu tout et n’importe quoi sans être encore trop sûrs d’eux. Avec aux cuts DJ James (qui sera lancé dans le bain des k7 mixées par Cut Killer, en passant), les Roots Neg K-Reen, Manifest et le tueur Nob allient chant (grâce à K-Reen) et rap (K-Reen est aussi de la partie dans ce registre) avec déjà une préoccupation qui sera constante le long de leurs apparitions toujours marquantes (11’30 Contre Les Lois Racistes, Ma 6-Té Va Crack-Er, compilation Cercle Rouge et divers mixtapes) : la négritude, héritière d’un Cheikh Anta Diop, d’un Césaire ou d’un Senghor, loin des ersatz afrocentriques d’une Nation Of Islam vainement importés par certains de nos compatriotes. Les Lyr-X, déjà évoqués dans les articles précédents, livrent le minimum syndical et soignent leur CV ni vus ni connus, puis les Hip Hop Swing (nés sur les cendres des défunts N’Groove avec Tino, Joce et Hasheem avec à leur actif un maxi produit par Boom Bass & Zdar) constituent la caution New Jack du projet, à l’heure où les Jodeci, Guy, Blackstreet ont déjà explosé outre-atlantique. Seuls restent Joce et Hasheem qui balafreront d’ailleurs à l’époque la compilation Sensitive et terminent ici notre Face A en douceur.


Et c’est le duo du Côté Obscur qui ouvre la marche pour la Face B. Akhenaton et Shurik’N sont à l’aise comme à domicile ; le maître des lieux leur offrira d’ailleurs 2 mixtapes concepts à eux seuls (mixtapes 19 361 vol.1 & 2). Du lourd qui annonce la même année le définitif et parfait monolithe Métèque & Mat. L’académie Beat 2 Boul lâche les chiens : le juvénile Houcen (Movez Lang) récidive après les 2èmes Cool Sessions de Jimmy Jay, puis vient la violente passe d’armes des Lunatic, récents évadés du Coup D’Etat Phonique d’Egosyst et Kohndo qui drainait aussi les Less’ Du Neuf dans son sillon. Les flows se cherchent encore, entre précipitation et la limite du off-beat, quête définitivement résolue lors de leur passage vers Time Bomb. Si certains lyrics d’Ali seront repiqués façon scratch sur le terrible "La Réalité" d’Akhenaton, le duo laissera sa carte de visite pour la mixtape n°13 de Cut qui leur sera donc dédiée quelques temps après. Le dandy bandit Dan découpe littéralement avec ses placements caractéristiques et ses phases venues d’ailleurs avant de laisser la conclusion au posé Melopheelo et au Zoxeakopat qui part en sucette. La camisole n’est pas loin, mais c’est pour la bonne cause.

Dans un registre aussi énervé, les encore méconnus Afrojazz posent des jalons qui leur permettront de décrocher eux aussi une tape concept entière avec l’ami Cut Killer. Ca braille dans tous les sens, on n’est pas forcément convaincu sur le coup, mais la bataille rangée se terminera en bataillon par la suite. Perle noire sera là pour en témoigner.

Comme d’habitude, on zappe assez vite Saliha, puis Big Foot et Hostile (La Bande de Gaza), proches du 501 Posse et des Démocrates D, ramènent un peu de violence après cet intermède nasillard et plan plan. Cartel Despee alias Sept et Baron Faty (futur Boogotop), trafiquants de rimes assumés, assurent leur intervention sans bavure. Mr Sept n’aurait d’ailleurs pas dépareillé à l’époque parmi les 2 Bal’. A l’époque parce que de gutturale, sa voix est devenue caverneuse. Les Dieux de L’Olympe peuvent en témoigner.
Suite des ramifications avec la tribu Jimmy Jay Productions : Ricardo des Lamifa passe les plats vers les membres du Damier pour un des temps forts de la cassette. Chant et kick combinés, on a l’impression d’entendre un « Banlieue Nord » bis de la part de jeunes loups affamés comme La Tribu (qui feront sa 1ère partie en compagnie de La Cliqua à l’Elysée Montmartre en conclusion de sa tournée pour son 1er LP), Osmoz ou Les Blues qui limite mettent à l’amende Ménélik.

Ayant tout juste traversé de pare en pare l’album Deenastyle de Dee Nasty, les T.O.P (Type Original de Poètes ou Top Of Paris) reprennent du service. Le couplet et refrain du patron East sera repris pour « Du bon côté du revolver » avec Eros sur son E.P posthume EastWoo. Après le vandalisme urbain, la leçon est studieusement appliquée à la musique. La Comatec les remercie.

Osez des Sens Unik puis surtout Doudou et Joël de Timide & Sans Complexe mettent la pression, accompagnés de Cut Killer par ses scratchs de la voix de Fabe. La fête vire au macabre, les corbillards et les vautours s’invitent au banquet qui redevient festif le temps de la partie d’Original Blue Funk avec Jimmy et son frère Busta Flex. Le 1er rappe façon vinyle calé à l’envers en accélerant et décélérant à loisir, le 2nd a déjà des tics que l’on retrouvera sur Les Schyzos avec des accents de hyène rieuse en fin de mesures. La conclusion est laissée aux Too Leust, déjà responsables de la tape n°9 de Cut Killer en tant qu’invités principaux. Jee-M.G alias Juan Marco, ex New Generation Mc's tout comme Eddy Boostafunk alias Eddy Kent, et Bal 2 Match ferment la marche avec un gigantesque name dropping reprenant un bon nombre d'acteurs du mouvement.

N'en jetez plus, l'abattoir est complet.